Inventaire d'émission de Gaz à effet de serre (GES)

Selon l’inventaire soumis en mars 2023, la Wallonie a émis 34,0 millions de tonnes de CO2-équivalents en 2021, soit 31% des émissions annuelles de la Belgique (hors secteur forestier). Cet inventaire est élaboré selon les lignes directrices du GIEC de 2006 et les potentiels de réchauffement global (PRG) applicables pour la période 2021-2030.

(PRG applicables (AR5 GIEC) : CH4= 28 et N2O = 265. Les PRG des gaz fluorés sont également revus. Les émissions du transport routier ont été revues, sur base des ventes de carburant dont les statistiques sont maintenant régionalisées.)

L’inventaire wallon des émissions de gaz à effet de serre, additionné aux inventaires de la Région flamande et de la Région de Bruxelles-Capitale, forme l’inventaire belge rapporté annuellement par la Belgique dans le cadre des Accords de Paris (le Protocole de Kyoto a pris fin en 2020) et des engagements européens (Effort Sharing Regulation, EC/2018/842 et EC/2023/857). 

La Figure 1 présente la répartition des émissions totales de GES par type de gaz et entre les principaux secteurs.

 

Figure 1. Répartition des émissions de GES par secteur en Wallonie en 2021 (Source AwAC)

En pourcentage

Figure 2. Répartition des émissions de GES par type de gaz en 2021 (Source, AwAC)

En pourcentage

Le CO2, qui représente 84 % des émissions totales de GES, est surtout émis lors des processus de combustion dans différents secteurs : industrie, transports, chauffage résidentiel et tertiaire, centrales électriques. 

Le CH4, qui représente 8% des émissions totales, provient à 78% de l’agriculture, à 9% du secteur des déchets et à 7% des réseaux de distribution de gaz naturel (compresseurs et fuites), le reste provenant de l’ensemble des processus de combustion. 

Le N2O représente 6% des émissions totales et est principalement émis par l’agriculture (82%), l’industrie chimique (2%) et les processus de combustion (10%). 

Enfin, les gaz fluorés représentent 2% des émissions totales et sont émis lors de la fabrication et l’utilisation de certains produits (réfrigération, mousses isolantes, etc.).

Sur base des dernières estimations disponibles, les émissions anthropiques de GES (hors secteur forestier) en Wallonie en 2021 étaient de 38,2% inférieures à celles de 1990.
Dans le cadre du burden-sharing 2013-2020, l’objectif wallon pour l’année 2020 était de -14,7% par rapport aux émissions de 2005 pour les secteurs ESD (Effort Sharing Decision CE/406/2009). Les objectifs annuels 2013-2020 sont calculés selon une trajectoire de réduction progressive. Ceci ne concerne que les secteurs ESD. L’objectif ETS (Emission Trading Scheme, qui couvre 90 % des émissions de l‘industrie et de la production d’électricité en Wallonie) est directement géré au niveau européen, sans objectif défini au niveau national ou régional.

Bilan des émissions wallonnes ESD

2013-2020 (kt CO2-éq.), données validées

 

(Le solde cumulé ESD (surplus) 2020 tient compte de transferts interrégionaux intervenus en 2019 dans le cadre du burden-sharing)

Les émissions annuelles ESD de 2013-2020 sont inférieures à la trajectoire de réduction, sauf en 2018 où un léger dépassement est observé. Le solde définitif 2013-2020 a été établi fin 2022, après vérification de l’inventaire d’émissions par la Commission européenne et validation des bilans régionaux par la Commission Nationale Climat. Le solde 2020 reflète l’impact du confinement sur le transport 70% de la réduction), mais aussi une faible consommation de chauffage, 2020 étant l’année la plus chaude observée en Belgique (30% de la réduction). Conformément à la Décision européenne ESD/406/2009, les unités excédentaires du solde 2013-2020 ont été supprimées dans le registre belge, étant donné qu’il n’y a pas de report vers la période suivante (2021-2030).

La Région wallonne a donc pleinement respecté ses objectifs de réduction pour la période 2013-2020, via des réductions internes et sans recourir à des achats de crédits.

Vu qu’il n’y a pas encore d’accord politique sur le burden-sharing belge 2021-2030 (répartition de l’effort de réduction entre les entités), que le Règlement européen Effort Sharing Regulation 842/21018 a été révisé récemment (Règlement revu en 2022-2023 (Règlement EC/2023/857) pour augmenter l’ambition européenne dans le cadre du Green Deal, avec un objectif belge de -47% par rapport à 2005 pour les secteurs non-ETS.) et enfin que le PACE wallon (Plan Air Climat Energie, adopté le 21/3/2023) fixe un objectif de réduction en 2030 de -47% par rapport à 2005 pour les secteurs non-ETS mais ne détermine pas les trajectoires annuelles, il n’est actuellement pas possible de comparer les émissions 2021 à une trajectoire précise.

La forte variabilité interannuelle des émissions est généralement due à la conjonction de plusieurs facteurs. On peut cependant mentionner quelques évènements dont l’impact sur les émissions annuelles s’est avéré significatif :

  • 1996 : année froide (besoins en chauffage élevés), mais fermeture d’un haut-fourneau
  • 1997 : fermetures d’une cokerie, de hauts-fourneaux et d’autres outils sidérurgiques
  • A partir de 2001 : développement de la combustion de biomasse en cimenterie et de la récupération du méthane dans les centres d’enfouissement technique
  • 2002 : arrêt d’un haut-fourneau et d’une cokerie
  • 2006 et 2007 : hivers très doux
  • 2009 : crise économique, ralentissement de l’activité industrielle
  • 2011 : Amélioration des procédés dans le secteur de la chimie
  • 2012-2013 : Fermeture définitive de la phase à chaud en sidérurgie, ralentissement des centrales électriques, fermeture de 2 lignes de verre
  • 2014 et 2018 : Deux années très chaudes Diminution des émissions des bâtiments
  • 2020 : Diminution des émissions du transport, liée au confinement Covid-19. Année la plus chaude observée en Belgique, diminution des émissions liées aux bâtiments

Evolutions des émissions entre 1990 et 2021

(En kt CO2e)

Figure 4: Evolution des émissions de GES par secteur d’activité en Wallonie (kt éq CO2, entre 1990 et 2021 ; source AwAC)

L’évolution globale est le résultat de tendances très contrastées selon les secteurs (Figure 4). Les secteurs de l’industrie et de la production d’électricité sont les principaux facteurs de réduction des émissions, contrairement au transport et aux gaz fluorés (autres) dont les émissions ont augmenté depuis 1990. Les principaux facteurs des évolutions sectorielles sont les suivants :

  • Energie : passage du charbon au gaz naturel ou au bois, fermeture de cokeries
  • Industrie : fermetures dans la sidérurgie, usage accru du gaz ou de combustibles de substitution. Accords de branche et ETS. La valeur ajoutée augmente malgré cette diminution
  • Résidentiel et tertiaire : augmentation du parc, consommation électrique accrue, passage limité au gaz naturel, amélioration de l’isolation, climat progressivement plus doux
  • Transports : augmentation du nombre de voitures, de leur cylindrée et des km parcourus
  • Agriculture : diminution et modification du cheptel. Diminution des engrais minéraux
  • Déchets : récupération et valorisation du biogaz dans les CET
  • Autres : augmentation des émissions de gaz fluorés jusqu’en 2017, depuis 2018 les émissions commencent à diminuer, principalement au niveau de la réfrigération commerciale