Emissions de POP

Origine du polluant

Les polluants organiques persistants sont des composés organiques qui possèdent des caractéristiques toxiques et résistent aux processus naturels de dégradation. Ils  persistent donc dans l’environnement pendant de longues périodes, peuvent être transportés sur de longues distances, s’accumulent dans les tissus humains et animaux. Ils se concentrent dans les espèces animales, du bas vers le haut des chaînes alimentaires (bioamplification). Ces composés présentent des effets nocifs potentiellement importants sur la santé humaine et l’environnement.

Parmi les POP on distingue :

  • les dioxines (et furanes) sont des sous-produits de processus industriels formés en cas de combustions à basse température de matières contenant du chlore (incinération de déchets, combustion et fabrication des métaux, blanchiment au chlore des pâtes à papier, production de certains herbicides et pesticides et combustion dans les sources mobiles);
  • les Hydrocarbures Aromatiques Polycycliques (HAP) sont des constituants naturels du charbon et du pétrole ou résultant de la combustion incomplète de matières organiques telles que les carburants, le bois, le tabac. Ils sont présents dans l’air, l’eau, les sols ou l’alimentation.

Plusieurs HAP sont des cancérogènes avérés. 

Le HAP le plus connu est le benzo[a]pyrène, substance qui se trouve dans un bon nombre de mélanges de HAP en proportion relativement constante (environ 10%).

Les HAP sont émis à l’atmosphère lors des phénomènes de combustion (échappements de véhicules, chauffage, combustion industrielle, feux de jardin, asphaltage des routes…), surtout lorsque celle-ci est de mauvaise qualité ou encore suite à l’usure des pneus sur la route.

  • les polychlorobiphényles (PCB), qui sont des composés qui ont été largement utilisés notamment comme liquide de refroidissement dans les transformateurs et les condensateurs en raison de leurs excellentes propriétés diélectriques (transformateurs à l’  Askarel) ;
  • de nombreux pesticides (DDT, Aldrine, Heptachlorobenzène…) ;
  • différents produits chimiques industriels (Hexachlorobenzène, hexabromobiphényle…).

Effets

  • Effets sur la santé : ces substances sont caractérisées par leur toxicité, leur persistance, leur caractère bioaccumulateur dans l’organisme et leur mobilité à très longue distance.  C’est dire si ces substances sont dangereuses pour les êtres vivants : elles sont cancérogènes, mutagènes et susceptibles de perturber le système endocrinien.  Elles peuvent provoquer des problèmes au niveau de la procréation, du développement du fœtus et de l’enfant, léser le système immunitaire, interférer avec le système hormonal et causer des cancers.  Elles s’accumulent dans la chaîne alimentaire, principalement dans les graisses animales et contaminent les eaux et donc les poissons. Selon l’OMS, plus de 90 % de l’exposition humaine passe par l’alimentation principalement via la viande, les produits laitiers, les poissons, les fruits de mer et via les fruits et légumes à cause des pesticides, herbicides, fongicides.
  • Effets sur les écosystèmes :   Ces substances contaminent les sols et les eaux de surface et souterraines et se retrouvent dans la chaîne alimentaire jusqu’à l’homme.
  • Effets sur les biens et sur l’économie : les effets sur l’économie se comptabilisent dans les dépenses de sécurité sociale et les frais médicaux des patients qui subissent les maladies liées à la diffusion de ces substances, ainsi que les coûts de l’absentéisme au travail.

Les coûts de dépollution des sites et sols pollués sont également importants.

Secteurs les plus émetteurs

Les trois secteurs suivants représentent plus de 81 % des émissions de dioxines en Wallonie :

Les trois secteurs suivants représentent plus de 96 % des émissions de HAP  en Wallonie :

Évolution des émissions

Dioxines

Les émissions de dioxines du secteur des déchets ont largement diminué suite à la mise en place de filtres à charbon actif sur les incinérateurs de déchets ménagers au début des années 2000. Un réseau de contrôle en continu des émissions de dioxines des incinérateurs publics de déchets a été mis en place en janvier 2001. Plus d’informations sur le site environnement  de la Wallonie.  Les émissions de ce secteur restent cependant prépondérantes car les émissions issues des incendies sont maintenant comptabilisées dans les inventaires.  Ces émissions sont rapportées dans le secteur des déchets. Les émissions du secteur résidentiel sont liées à la combustion de biomasse.

HAP

Les émissions de HAP (benzo(a)pyrène, en benzo(b)fluoranthène, en benzo(k)fluoranthène et indéno(1, 2, 3-cd)pyrène) ont largement diminué dans le secteur de l’énergie et de l’industrie suite à l’arrêt progressif des centrales au charbon et à la fermeture des cokeries et des entreprises d’agglomérés.  Les émissions au sein du secteur résidentiel sont stationnaires et sont principalement dues à la combustion de la biomasse.

Objectifs de réduction et normes

Au niveau des Nations-Unies (UNECE), une première législation a été adoptée en 1998 pour limiter les polluants organiques persistants, en application du principe de précaution : le Protocole d’Aarhus à la Convention LRTAP  sur les Polluants organiques persistants.
Il prévoit :

  • l’interdiction totale de la production et de l’utilisation de certains pesticides, herbicides et fongicides ;
  • des restrictions d’utilisation ou une date de fin d’utilisation pour d’autres types de pesticides, herbicides, fongicides et des PCB (polychlorobiphényles) ;
  • la réduction des émissions des dioxines et furannes, de HAP et de HCB (hexachlorobenzène)  par, notamment, l’imposition de valeurs limites d’émission contraignantes et par l’application des Meilleures Techniques Disponibles (MTD) ;
  • la gestion écologiquement rationnelle des stocks de substances interdites en application de la Convention de Bâle sur les transferts transfrontaliers de déchets dangereux.

Au niveau des Nations-Unies, la Convention de Stockholm vise à interdire ou réduire la production et l’utilisation de certaines substances, réduire les émissions des sous-produits de production et éliminer ces substances en toute sécurité. 

En 2001, la Convention de Stockholm a imposé le même type de dispositions au niveau mondial dans le cadre de l’UNEP (United Nations Environment Programme ).

Elle reprend presque la même liste de substances que le Protocole d’Aarhus et interdit également l’importation et l’exportation de 10 substances.
Au niveau européen, ces engagements sont mis en œuvre notamment par le Règlement 850/2004 du 29 avril 2004 sur les POPs et la directive 2000/76 sur l’incinération des déchets (fixant des normes de dioxine).