Comprendre le bilan carbone

Bilan des émissions de gaz à effet de serre : un outil au service de l’action

1. Qu’est-ce que c’est ?

Un Bilan des émissions de Gaz à effet de serre (bilan GES) est une évaluation de la quantité de gaz à effet de serre émise (ou captée) dans l’atmosphère sur une année par nos activités. 

Il s’agit d’une première étape permettant d’identifier les postes d’émissions où le poids carbone est le plus important et sur lesquels il convient d’agir en priorité.  

2. Pourquoi faire ?

La réalisation d’un bilan GES n’est pas une fin en soi mais un outil sur base duquel on décide d’une stratégie de réduction des émissions.  Il existe plusieurs raisons pour lesquels on décide de s’engager dans ce type de démarche :  

  • La baisse des coûts liés à la baisse de la consommation d’énergie fossile de plus en plus chère (amélioration de l’efficacité énergétique des bâtiments, production d’énergie renouvelable, équipements plus performants au niveau énergétique, etc.), à l’optimisation des processus (livraison, stockage, fabrication et modes de commercialisation) et à la réduction des intrants (emballage p.e.) ; 
  • La gestion des risques avec en amont la contrainte liée à la disponibilité future des ressources physiques et en aval les perturbations profondes introduites par les activités émettrices dans l’environnement et qui menacent le développement de nos sociétés ; 
  • L’anticipation des règlementations en la matière ; 
  • L’optimisation de l’offre de produits via l’éco-conception et l’innovation ; 
  • L’amélioration de l’image de l’entreprise vis-à-vis de ses clients et de ses partenaires ; 
  • La démonstration de leadership et d’exemplarité surtout pour les autorités publiques ; 
  • La mobilisation et la motivation du personnel de plus en plus sensible aux enjeux environnementaux. 
3. Quelles méthodologies pour établir un bilan ?

L’utilisation des méthodologies internationales est recommandée pour réaliser un bilan GES de qualité et qui peut-être reconnu à une échelle mondiale.  

Il existe différentes classes de méthodes lorsqu’il s’agit d’établir un bilan GES : 

  • Les méthodologies orientées « organisation » pour établir le bilan GES d’une organisation comme l’ISO14064-1, le bilan carbone ® de l’ADEME et le GHG protocol- corporate standard (revised edition) et le GHG corporate value chain ; 
  • Les méthodologies orientées  « territoire » pour établir le bilan GES d’un territoire comme le Global Protocol for Community-Scale Greenhouse Gas Emission Inventories (GPC)  du GHG protocol, le bilan carbone® Territoires de l’ADEME, le PAS2070 
  • Les méthodologies orientées « produits » pour établir le bilan GES d’un produit comme le bilan carbone® « produits » de l’ADEME ou le Product Life cycle Standard du GHG protocol
  • Les méthodologies orientées « projets » comme le project protocol du GHG protocol  et la méthode de l’ADEME  pour quantifier les réductions d’émissions des projets carbone. 
4. Réaliser le bilan: étapes

Trois grandes étapes sont généralement suivies pour réaliser un bilan :

Etablir le périmètre 
Il s’agit  de délimiter les frontières de l’exercice de bilan carbone. Pour une organisation qui réalise son bilan, cela consistera à identifier les sites/filiales ou encore les compétences qui rentrent dans le bilan. Pour un territoire,  la première étape du bilan consistera à identifier le périmètre géographique. Une fois les frontières organisationnelles et territoriales établies, il faut identifier les sources d’émissions ou secteurs émetteurs à l’intérieur de celles-ci. 

L’autre volet de cette étape consiste à définir une période de bilan. Elle est équivalente à une année le plus souvent alignée à l’année civile.  Pour suivre ses émissions dans le temps et pouvoir maintenir une comparaison significative et cohérente de ses émissions dans le temps, l’organisation doit aussi définir une année de référence. 

Il  est conseillé de mesurer les émissions des sept gaz à effet de serre du protocole de Kyoto.  

Collecter les données

La collecte porte sur deux types de données : les données d’activité et les facteurs d’émissions. Il s’agit d’une étape centrale pour la réalisation d‘un exercice de bilan GES.   

Une donnée d’activité est une mesure quantitative de l’activité occasionnant l’émission de GES. Il s’agit de la quantité d’énergie consommée dans le bâtiment, des kilomètres parcourus par mode de transport, du coût pour l’achat de fournitures, etc.   Selon leur degré de précision, on distingue les données primaires et les données secondaires. 

Un facteur d’émission est un coefficient qui permet de convertir la donnée d’activité en émissions de gaz à effet de serre. Dans le cas où la donnée d’activité est égale à la  consommation d’énergie dans le bâtiment, le facteur d’émission équivaut à la masse de CO2 émise par unité d’énergie consommée.  Les facteurs d’émissions sont la plupart du temps publiés en ligne dans des bases de données comme la base carbone de l’ADEME, la base ecoinvent, IPCC….. Certains peuvent être assez spécifiques et donc doivent être établis par celui qui réalise le bilan GES. C’est le cas des facteurs relatifs aux intrants consommés par l’organisation par exemple.  Les calculateurs en ligne proposent des facteurs d’émissions par défaut et laissent la possibilité d’introduire des facteurs d’émissions plus spécifiques en ce qui concerne les postes des « achats de biens et services » et le poste des « infrastructures ». 

Calculer les émissions

L’approche de calcul la plus communément utilisée consiste à appliquer les facteurs d’émissions documentés à une donnée d’activité de l’organisation suivant l’équation : 

𝑬𝒎𝒊𝒔𝒔𝒊𝒐𝒏𝒔=𝒅𝒐𝒏𝒏é𝒆𝒔 𝒅′𝒂𝒄𝒕𝒊𝒗𝒊𝒕é ×𝒇𝒂𝒄𝒕𝒆𝒖𝒓𝒔 𝒅′é𝒎𝒊𝒔𝒔𝒊𝒐𝒏𝒔

Les calculateurs mis à disposition des organisations calculent les émissions de GES en suivant cette approche.  Les émissions sont exprimées en tonnes équivalent CO2 (tCO2e).  

Dès lors que l’on utilise une méthode qui applique des facteurs d’émission à des données d’activité il y a deux sources d’incertitude lors du calcul des émissions de gaz à effet de serre : une incertitude sur les données et une incertitude sur les facteurs d’émissions. Chaque calcul effectué est donc assorti d’une incertitude, ce qui permet d’obtenir une incertitude pour le résultat d’ensemble. Les calculateurs de l’AWAC ne permettent pas encore de calculer l’incertitude liée au calcul d’émission.